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À la découverte du ca trù


Au Vietnam depuis deux mois, une jeune fille française d’origine vietnamienne, Delphine Trân aussi nommée Phuong Mai en vietnamien, est curieuse d’en découvrir davantage sur son pays d’origine.
Delphine adore déambuler dans les vieilles rues de Hanoi, surtout une fois la nuit tombée. Intriguée par l’affiche d’un spectacle du ca trù devant le temple Kim Ngân, dans la rue Hàng Bac à Hanoi, cette étudiante en marketing a décidé de franchir le pas pour voir le spectacle. Pour son baptême de ca trù, Delphine a été captivée par les mélodies et la voix des chanteuses. «Je trouve ça vraiment super ! La musique, je ne comprends pas tout, mais elle est géniale ! Les instruments, les chants sont harmonieux. L’artiste Bach Vân chante très bien. C’est un beau spectacle, j’ai vraiment aimé», a affirmé Delphine. 

Le ca trù est né de la culture folklorique. Cet art était représenté lors des rites royaux ou religieux. Plus tard, le style s’est répandu pour accompagner divers événements de la vie quotidienne à la campagne comme à la ville. Le ca trù est un type de récital poétique où littérature et musique s’harmonisent, lui conférant une beauté à la fois simple et subtile. Il est depuis devenu le plus important courant artistique de la musique traditionnelle vietnamienne. À tel point qu’en 2009, le chant ca trù a été inscrit par l’UNESCO sur la liste des patrimoines immatériels nécessitant une sauvegarde urgente.

À la différence de la musique traditionnelle populaire, le ca trù est une musique de chambre. Les groupes sont composés de trois personnes : une chanteuse et deux instrumentistes. La chanteuse utilise des techniques respiratoires et le vibrato pour produire des ornementations sonores uniques tout en jouant du phách, un morceau de bambou frappé avec deux morceaux de bois. Une artiste joue du dàn day (luth à trois cordes) et une autre se charge de frapper le tambour d’éloge. La dernière, considérée comme une spectatrice partici-pant à la représentation, se prête au jeu de la critique de la prestation. 

Pour mieux appréhender les valeurs de ca trù
Afin de comprendre un peu mieux le ca trù, Delphine a fait connaissance avec l’«Artiste émérite» Bach Vân, chanteuse principale de la représentation. L’artiste l’a invitée à venir chez elle. 
L’«Artiste émérite» Bach Vân a invité Delphine à venir découvrir le ca trù chez elle
En tant qu’invitée d’honneur, l’artiste lui a permis de porter le costume de chanteuse. Une façon, selon Bach Vân, de mieux appréhender les valeurs de cet art pour Delphine. C’est une grande première pour elle qui, malgré la chaleur suffocante estivale, est toute excitée. «J’ai déjà porté l’ao dài (Ndlr : la tunique fendue traditionnelle des Vietnamiennes) il y a quelques années mais je ne me rappelle plus pourquoi. Heureusement, il y a trois ventilateurs. Sinon, je pense qu’avec la température extérieure, je ne pourrais pas tenir», a confié Delphine.

Aujourd’hui, l’artiste Bach Vân donne un cours à ses petites apprenties chez elle. Même si elles n’ont que 7-8 ans, elles savent déjà bien exprimer les mélodies tout en maniant les percussions. «Je ne m’attendais pas du tout à voir ces enfants venir pour prendre un cours de ca trù. S’ils font ça dès petits, c’est clair qu’ils deviendront de grands artistes plus tard. ça se voit que c’est difficile mais bon, elles s’entraînent et c’est bien», a-t-elle confié. 
L’artiste Bach Vân (droite) initie Delphine aux percussions.
Delphine semble avoir été captivée par l’ambiance musicale de l’artiste Bach Vân et ses apprenties. Elle souhaite maintenant apprendre à jouer de ces percussions. Selon l’artiste Bach Vân, le son du phách (percussions) et la voix de la chanteuse font la spécificité du ca trù. Le phách est constitué d’un morceau de bambou frappé avec deux baguettes en bois. Cela sert à donner le rythme des mélodies et vient seconder la voix de la chanteuse. Jouer correctement de cet instrument n’est pas évident. Mais Delphine s’en sort bien. Selon l’artiste Bach Vân, Delphine est douée pour la musique. «Elle apprend très rapidement la méthode pour frapper l’instrument. Normalement, une chanteuse doit consacrer environ six mois pour apprendre à en jouer. Mais avec son niveau, Delphine n’en aurait besoin que de quatre», a affirmé l’artiste Bach Vân. 

Parlant un vietnamien relativement modeste, Delphine comprend quand même la beauté des vers. Mais, il est difficile de parvenir à exprimer cet art. «Quand je parle vietnamien, je ne prononce pas bien. Alors, chanter, c’est très difficile ! La prononciation est beaucoup plus compliquée quand on chante, surtout pour le chant traditionnel ca trù. Il y a des moments où ils font des accents typiques qui sont imprononçables pour quelqu’un qui parle le français par exemple. Il faut beaucoup d’entraînement», a révélé Delphine.

Delphine garde de bons souvenirs de son expérience de chanteuse de ca trù d’un jour. Si elle pouvait retourner au Vietnam, elle réserverait plus de temps à cet art. Pour l’artiste Bach Vân, elle espère que Delphine aime cet art. «Je suis prête à lui transmettre tout ce que je sais pour qu’elle présente cet art en France. J’espère que le ca trù se diffusera dans la communauté francophone», a dit l’artiste. 


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